Prévision d’inflation : 2.1% pour 2024 et 2.5% pour 2025

Le taux d’inflation au Luxembourg est tombé à 1.0% en octobre, son niveau le plus bas depuis plus de trois ans et demi. Les faibles taux d'inflation observés depuis le mois d’août réduisent mécaniquement l’inflation prévue à 2.1% pour cette année et à 2.5% pour 2025. La prochaine tranche indiciaire surviendrait dès lors au premier trimestre 2025.

En octobre 2024, l’inflation annuelle au Luxembourg atteint son niveau le plus bas depuis début 2021, à 0.95%. Ce repli résulte de la baisse des prix des produits pétroliers (-13.9% sur an en octobre, contre -10.8% un an plus tôt) couplée à un ralentissement graduel de l’inflation sous-jacente[1] qui s’affiche à +1.8% en octobre (contre +4.2% il y a un an).

Taux d’inflation annuel et contributions

Source : STATEC (prévisions du 06/11/2024)
Note : La contribution de l’inflation sous-jacente est définie comme la différence entre l’IPCN et les contributions de l’électricité et des produits pétroliers. STATEC (prévisions du 06/11/2024)

Au cours des derniers mois, le repli de l’inflation a été plus rapide qu’anticipé. Les produits pétroliers affichent des taux annuels négatifs depuis août avec une inflation de -12.0% sur un an en moyenne sur les trois derniers mois (contre +1% en moyenne de janvier à juillet), expliquée notamment par un recul des prix à la pompe (-6.0% en T3 p.r. à T2 2024), ainsi que du prix du mazout (-14.0%) et du gaz (-4.0%). Du côté de l’inflation sous-jacente, le freinage est marqué par une moindre progression des services avec une inflation annuelle de +2.8% en octobre (contre +3.7% en septembre). Les prix des biens industriels non-énergétiques freinent également, avec +0.3% sur un an en octobre (contre +3.3% un an plus tôt). L’inflation alimentaire (+1.3% sur un an) ne contribue que peu à l’inflation globale en octobre (+0.2 point de %, contre +1 point de % un an plus tôt).

A l’échelle de la zone euro, l’inflation devrait augmenter à 2.0% en octobre selon une première estimation (contre 1.7% un an auparavant). L’inflation des services y stagne (+3.9% en octobre et en septembre 2024) tandis que l’inflation des produits alimentaires repart à la hausse (+2.9% en octobre contre +2.4% en septembre).

En 2025, l’inflation devrait approcher 2% en zone euro…

Les principales institutions internationales anticipent une inflation en zone euro encore supérieure à 2% en 2024, les prévisions se situant dans une fourchette allant de 2.3% (Oxford Economics) à 2.5% (Commission européenne et BCE). Pour 2025, les prévisions convergent autour des 2%, avec une fourchette allant de 1.5% (Oxford Economics) à 2.2% (BCE).

Les nouvelles projections émanant d’Oxford Economics (OE), utilisées dans le modèle de prévision d’inflation du STATEC, anticipent un repli plus lent de l’inflation sous-jacente en zone euro que dans les prévisions précédentes, ainsi qu’une dynamique plus soutenue de l’inflation alimentaire en 2024 et 2025. Les dernières prévisions révisent en revanche à la baisse les hypothèses sur le prix du pétrole en 2024 et 2025 à respectivement 80 et à 73 USD/baril (contre 83 et 78 USD/baril précédemment), contrebalançant la révision à la hausse de l’inflation sous-jacente et de l’alimentation. Le taux de change de l’euro vis-à-vis du dollar est révisé à la hausse à 1.09 USD/EUR en 2024 et 1.11 USD/EUR en 2025 (contre 1.08 USD/EUR en 2024 et 2025 précédemment). OE maintient ainsi sa prévision d’inflation pour la zone euro à 2.3% en 2024 et la révise à 1.5% en 2025 (contre 1.4% précédemment). 

...et 2.5% au Luxembourg 

Pour lisser l’impact haussier qui serait induit par une levée intégrale des boucliers tarifaires au tournant de l’année 2025, une disparition partielle des mesures de plafonnement des prix de l’énergie a été décidée par le gouvernement. La hausse du prix de l’électricité devrait ainsi être limitée à 30% (soit la moitié de la hausse anticipée de 60% en l’absence de mesures additionnelles) et les prix du gaz quant à eux augmenteraient de 16% sous l’effet de la fin de la prise en charge par l’Etat des frais de réseaux. Des incertitudes subsistent cependant quant à la restructuration des tarifs d'utilisation du réseau de distribution d'électricité prévue pour 2025. Les tarifs de l’énergie découlent en revanche directement de l’évolution des prix sur les marchés dérivés et du mode d’approvisionnement des fournisseurs d’énergie au Luxembourg[2]. Il va sans dire que les anticipations de prix des marchés sont volatiles et que les prévisions qui en découlent à l’horizon 2025 sont à considérer avec prudence[3]. Notons également que la contribution négative de l'électricité prévue pour décembre 2024 s’explique par l’annonce récente d’une baisse des prix pour ce mois-ci[4].

Reflétant le ralentissement plus fort des prix observés sur les derniers mois par rapport aux prévisions précédentes ainsi que les nouvelles hypothèses d’OE, le STATEC révise à 2.1% sa prévision d’inflation pour cette année (contre 2.3% précédemment). Pour l’année prochaine, l’inflation serait de 2.5% (contre 2.6% antérieurement), tenant compte de la révision à la baisse du prix du pétrole. L’inflation sous-jacente, qui comprend l’électricité, serait de 2.5% en 2024 (contre 2.6% précédemment) et maintenue à 2.4% en 2025. Selon les prévisions d’inflation du scénario central, une indexation aurait lieu au premier trimestre 2025, soit un trimestre plus tard qu’anticipé dans les prévisions du mois d’août.

Prévisions selon des hypothèses alternatives sur les prix de l’énergie

Source : STATEC (prévisions du 06/11/2024)

* Ces prévisions intègrent une majoration de la taxe CO2 de 5 EUR / tCO2 en 2025

** Prix moyens TTC pour un client résidentiel au Luxembourg avec une consommation annuelle de 2 426 m3 de gaz et 4 191 kWh d’électricité. Ces prix sont calculés en supposant i) pour le gaz : prise en charge par l’Etat des tarifs d’utilisation du réseau et tarif maximal du gaz, 0.83 euros par mètre cube jusqu'au 31.12.2024.  ii) pour l’électricité : la contribution au mécanisme de compensation changerait pour garantir une hausse de maximal 30% du prix de l’électricité en 2025, suite à la restructuration prévue des tarifs d’utilisation du réseau.  

Deux scénarios alternatifs de prix énergétiques

Deux scénarios alternatifs sont établis à partir des déviations historiques des tarifs du gaz et du prix du Brent (ce dernier se répercutant sur les prix du diesel, de l’essence et du mazout de chauffage). Tenant compte des mesures en place, les scénarios haut et bas pour le gaz ne sont considérés que pour l’année 2025. Le scénario haut suppose qu’en 2025, le gaz et le Brent connaîtraient des hausses de respectivement 33% et 21% sur un an. Le scénario bas anticipe une augmentation plus faible du prix du gaz (+8%) et une baisse du prix du Brent (-26%) en 2025, si les hausses conséquentes supposées dans ce scénario se matérialisent.

Le scénario bas prévoit une prochaine indexation seulement au 2e trimestre 2025. Le scénario haut l’anticipe pour le 1er trimestre 2025, suivie d’une indexation supplémentaire déjà au 3e trimestre 2025. 

[1] L’inflation sous-jacente est une sous-série de l'indice général (IPCN) qui exclut notamment les prix pétroliers et d'autres prix qui se forment sur les marchés internationaux.

[2] Voir Chapitre 7.2 de la Note de conjoncture 1-23.

[3] En effet, les incertitudes autour du prix du gaz sont plus élevées en raison de la structure du marché : la plupart des achats s’effectuent seulement quelques mois avant la date de livraison. Par conséquent, les prévisions s’appuient principalement sur les anticipations du marché (au mois d’octobre 2024) pour l’année 2025. En revanche, pour l’électricité, la quasi-totalité de l’énergie qui sera fournie en 2025 a déjà été achetée au cours de 2022, 2023 et 2024 au prix du marché qui prévalait à ces dates. Ces achats anticipés permettent d’avoir une vue relativement claire sur les tarifs de l’électricité qui seront facturés en 2025.

[4] Le fournisseur Enovos a annoncé des nouveaux tarifs d’énergie applicables à partir du 01/12/2024.

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Cette publication a été réalisée par Gabriel Gomes et Jil Schaul.
Le STATEC tient à remercier tous les collaborateurs qui ont contribué à la réalisation de cette parution.

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