Prévision d’inflation : 2.2% pour 2025 et 1.8% pour 2026

Avec des taux d'inflation passant sous la barre de 1% au dernier trimestre 2024, le ralentissement de l’inflation au Luxembourg a été plus fort qu’anticipé. Au tournant de l’année 2025, la levée des boucliers tarifaires a cependant conduit à un relèvement des prix du gaz et de l’électricité, relançant l'inflation à un niveau proche de 2% en janvier 2025. Après une inflation de 2.1% en 2024, le STATEC prévoit une inflation de 2.2% pour cette année et 1.8% pour 2026. Les prochaines indexations demeurent prévues au 2e trimestre 2025 ainsi qu’au 2e trimestre 2026.

Après des niveaux historiquement bas au dernier trimestre 2024, l’inflation annuelle remonte à 1.9% en janvier 2025. Cet ajustement à la hausse résulte de l’augmentation du prix des produits pétroliers (+4.4% sur un an en janvier, contre -8.1% en décembre 2024) couplée à une inflation sous-jacente[1] qui s’affiche à +1.8% en janvier (contre +1.5% un mois plus tôt) sous l’effet de la levée partielle des boucliers tarifaires[2].

Taux d’inflation annuel et contributions

Source : STATEC (prévisions du 05/02/2025)
Note : La contribution de l’inflation sous-jacente est définie comme la différence entre l’IPCN et les contributions de l’électricité et des produits pétroliers. 

Au cours du dernier trimestre de 2024, les prix des produits pétroliers ont reculé de 12% et l'inflation sous-jacente a diminué à 1.6% (contre +4% un an plus tôt). Alors que le freinage de l'inflation sous-jacente hors électricité se poursuit en janvier 2025, soutenu notamment par une moindre progression des prix des services (+2.2% sur un an en janvier, contre +3% en décembre 2024), il est éclipsé par la hausse des prix de l’énergie. En janvier 2025, avec la levée des boucliers tarifaires, l’inflation annuelle des produits pétroliers s’élève à 4.4% (les prix du mazout et du gaz augmentant respectivement de 28% et 35% en janvier par rapport à décembre 2024) et celle de l’électricité atteint 24% (et contribue ainsi +0.4 point de % à l’inflation globale). Les prix des biens industriels non-énergétiques ainsi que de l’alimentation restent relativement stables en janvier, à respectivement +0.3% et +0.6% sur un an (contre +0.5% chacun un mois plus tôt).

A l’échelle de la zone euro, l’inflation augmente à 2.5% selon une première estimation en janvier (contre 2.4% en décembre 2024). Tandis que l’inflation des services et celle des produits alimentaires y reculent (de respectivement +4% et +2.6% en décembre 2024 à +3.9% et 2.3% en janvier), les prix de l'énergie accélèrent fortement en janvier (+1.8% sur un an, contre -6.1% un an auparavant), reflétant notamment des effets de base positifs liés à la faiblesse des prix de l’énergie en début d’année 2024[3].

En 2026, l’inflation devrait tomber sous les 2% en zone euro…

Les principales institutions internationales anticipent en moyenne une inflation en zone euro à 2% en 2025 et à 1.9% en 2026. Pour 2025, les prévisions se situent dans une fourchette allant de 1.9% (Oxford Economics) à 2.1% (Commission européenne, BCE et OCDE). Pour 2026, l’inflation prévue s’inscrit dans une fourchette de 1.7% (Oxford Economics) à 2% (FMI et OCDE).

Les nouvelles projections émanant d’Oxford Economics (OE), utilisées dans le modèle de prévision d’inflation du STATEC, soulignent les incertitudes entourant la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis et prévoient une dépréciation significative du taux de change de l'euro par rapport à l'USD à 1.04 USD/EUR en 2025 et 1.06 USD/EUR en 2026 (contre 1.10 USD/EUR et 1.12 USD/EUR précédemment). L’hypothèse sur le prix du Brent reste inchangée à 73 USD/baril pour 2025 et 2026, mais les nouveaux taux de change alourdiraient la facture du pétrole en euros. Les dernières prévisions d’OE anticipent en revanche un repli plus lent de l’inflation sous-jacente en zone euro ainsi qu’une dynamique plus soutenue de l’inflation alimentaire en 2025. L'inflation de l'énergie dans la zone euro devrait également s'accélérer au cours du premier trimestre 2025, reflétant des effets de base attendus sur les prix de l’énergie. 

…et ralentir à 1.8% au Luxembourg 

Au Luxembourg, les mesures étatiques sur les prix de l’énergie mises en place au cours de 2022 et 2023 ont permis de contenir l’inflation à un niveau plus faible que dans la zone euro. La disparition complète des mesures sur les produits pétroliers au 31 décembre 2024 et la suppression partielle des mesures de plafonnement des prix de l'électricité (l'augmentation du prix étant limitée à 30% par rapport à septembre 2022) se traduiraient toutefois par un ajustement à la hausse des prix de l'énergie en 2025, qui devrait se résorber d'ici 2026, en lien avec la baisse des prix de l'énergie sur les marchés internationaux. Il va sans dire que les anticipations de prix des marchés sont volatiles et que les prévisions qui en découlent à l’horizon 2026 sont à considérer avec prudence. 

Reflétant principalement le renchérissement du pétrole en euros[4], le STATEC révise à 2.2% sa prévision d’inflation pour cette année (contre 2.1% encore en décembre). L’année prochaine, les prévisions de l'inflation sont maintenues à 1.8%. L’inflation sous-jacente, qui comprend l’électricité, est maintenue à 2.1% en 2025 et légèrement revue à la hausse à 2% en 2026 (contre 1.9% précédemment). Selon les prévisions d’inflation du scénario central, une indexation aurait toujours lieu au 2e trimestre 2025 ainsi qu’au 2e trimestre 2026. 

Prévisions selon des hypothèses alternatives sur les prix de l’énergie

Source : STATEC (prévisions du 05/02/2025)

* Ces prévisions intègrent une majoration de la taxe CO2 de 5 EUR / tCO2 en 2025 et 2026.  

** Prix moyens TTC pour un client résidentiel au Luxembourg avec une consommation annuelle de 2 426 m3 de gaz et 3 901 kWh d’électricité. Ces prix sont calculés en supposant i) pour le gaz et pour l’électricité : des tarifs d’utilisation du réseau maintenus constants à leurs niveaux de 2025, ii) à partir de 2026, un retour de la contribution au mécanisme de compensation à sa valeur de 2021 (avant crise énergétique), soit 0.0363 EUR / kWh.

Deux scénarios alternatifs de prix énergétiques

Deux scénarios alternatifs sont établis à partir des déviations historiques des tarifs de l’électricité, du gaz et du prix du pétrole Brent (ce dernier se répercutant sur les prix du diesel, de l’essence et du mazout de chauffage). Tenant compte des mesures en place (et notamment d’un prix fixe pour l’électricité en 2025), les scénarios haut et bas pour l’électricité ne divergent que pour l’année 2026. Le scénario haut suppose qu’en 2026, l’électricité, le gaz et le Brent connaîtraient des hausses de respectivement 32%, 1%, et 13%. Le scénario bas anticipe une augmentation plus faible du prix de l’électricité (+5%) et une baisse du prix du gaz (-13%) et du Brent (-21%) en 2026. 

Dans tous les cas de figure, la prochaine indexation aurait lieu au 2e trimestre 2025. Dans le scénario haut, la suivante aurait lieu dès le 4e trimestre 2025, accompagnée d’une autre au 3e trimestre 2026. Le scénario bas ne comporte pas d’indexation supplémentaire d’ici la fin de 2026.

[1] L’inflation sous-jacente est une sous-série de l'indice général (IPCN) qui exclut notamment les prix pétroliers et d'autres prix qui se forment sur les marchés internationaux. Au Luxembourg, l’inflation sous-jacente inclut le prix de l’électricité.

[2] Notons qu’une prolongation intégrale des boucliers tarifaires aurait engendré une inflation de 0.9% en janvier. Une levée totale des mesures aurait en revanche impliqué une inflation de 2.18% en janvier.

[3] L’indice de prix de l’énergie en zone euro a connu des fortes baisses vers la fin de 2023 et ceci jusqu’au premier trimestre 2024 et a augmenté à partir de décembre 2024. De ce fait, l’inflation annuelle de cet indice est positive à partir de décembre 2024.

[4] Et notamment la contribution positive des produits pétroliers vers la fin de 2025, liée à des effets de base positifs.

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Cette publication a été réalisée par Gabriel Gomes et Jill Schaul.
Le STATEC tient à remercier tous les collaborateurs qui ont contribué à la réalisation de cette parution.

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