Prévision d’inflation : 3.8% pour 2023 et 2.6% pour 2024

En un an, le taux d’inflation s’est réduit de moitié, alors que d’ici un an la cible de moyen terme de 2% d’inflation fixée par la Banque centrale européenne pourrait de nouveau être atteinte au Luxembourg. En moyenne annuelle, l’inflation devrait afficher 3.8% en 2023 et 2.6% en 2024. La prochaine tranche indiciaire est prévue pour le 3e trimestre 2024.

En octobre 2023, l’inflation annuelle au Luxembourg atteint son niveau le plus bas en deux ans, à 3.2%. Derrière ce ralentissement apparent, les prix pétroliers et l’inflation sous-jacente suivent des tendances opposées. Depuis février, les produits pétroliers contribuent à faire baisser le taux d’inflation général, notamment via des effets de base négatifs [1].Le prix du Brent se renchérit néanmoins depuis l’été. Les produits pétroliers devraient ainsi de nouveau contribuer à la hausse de l’inflation annuelle sur la première moitié de 2024.

[1] L’indice de prix des produits pétroliers a atteint un pic au printemps 2022 et s’est ensuite inscrit sur une tendance baissière (jusqu’en mai 2023). De ce fait, l’inflation annuelle de cet indice est négative depuis février 2023.

Taux d’inflation annuel et contributions

Source: STATEC (prévisions du 02/11/2023)

Note: L’IPCN est mesuré en variation annuelle exprimée en pourcentage.  

L’inflation sous-jacente (hors produits pétroliers surtout), quant à elle, ralentit depuis 4 mois et s’affiche à 4.2% en octobre (contre 4.9% en juillet). Cela résulte principalement de deux mouvements complémentaires. En premier, la flambée des prix de l’alimentation s’est limitée à 7.5% sur un an en octobre (contre 11.5% lors du pic de mars). En deuxième, les prix des biens industriels non-énergétiques freinent également, avec +3.3% sur un an en octobre (après un pic à 6.4% en janvier dernier). Des tendances similaires se constatent à l’échelle de la zone euro où l’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) s’est également repliée à 4.3% en septembre (contre 5.3% en août).  

Les prix des services continuent néanmoins de progresser et soutiennent ainsi l’inflation sous-jacente au Grand-Duché. En effet, les trois tranches indiciaires payées en février, avril et septembre 2023 ont nourri les prix des services qui atteignent leur plus forte inflation annuelle en 2023 avec 3.7% en octobre (contribuant pour 1.7 point de % à l’inflation générale). La gratuité de certains services limite toutefois l’inflation luxembourgeoise qui demeure inférieure à celle de la zone euro où les prix des services avaient augmenté plus tôt et commencent désormais à freiner (4.7% en septembre contre 5.5% en août) [2].

[2] Voir le Conjoncture Flash d'octobre 2023.

Révision à la hausse de l’inflation prévue en zone euro…

Les hypothèses des nouvelles prévisions émanant d’Oxford Economics demeurent inchangées concernant l’inflation sous-jacente en zone euro mais révisent à la hausse l’inflation des prix de l’alimentation. Cela est accentué par les prix des produits énergétiques qui connaîtraient une dynamique baissière moins prononcée. Ainsi, l’inflation en zone euro atteindrait désormais 5.6% en 2023 et 2.0% en 2024 (contre 5.3% et 1.4% précédemment). Reflétant la réduction de l’offre de pétrole suite aux décisions de l’OPEP+, le prix du Brent est revu à la hausse à 86 USD/baril en 2023 et 87 USD/baril en 2024 (contre 80 et 81 précédemment). Cela devrait se répercuter sur les prix des carburants et du mazout de chauffage au Grand-Duché. Concernant le cours de l’euro vis-à-vis du dollar, ce dernier est maintenu en 2023 à 1.08 USD/EUR, mais subirait une légère dépréciation en 2024 à 1.06 USD/EUR (contre 1.10 USD/EUR précédemment). 

…en dépit des marchés de l’énergie relativement détendus

Les spéculations autour de l'impact potentiel du conflit entre le Hamas et Israël ont poussé les prix mondiaux de l’énergie à la hausse. Néanmoins, par rapport aux niveaux historiquement élevés de 2022, les marchés de l’énergie continuent à être relativement détendus en Europe. Le Dutch TTF, qui fait référence pour ce qui concerne la consommation de gaz naturel, s’est échangé à 42 EUR/MWh en octobre 2023 (contre 72 EUR/MWh en octobre 2022). Une dynamique baissière est également observée sur les marchés à terme (où les contrats pour des livraisons futures sont échangés). Les contrats annuels au cours du mois d’octobre 2023 anticipaient ainsi un prix du gaz à 53 euros en moyenne pour 2024 (contre 113 euros un an plus tôt). Ces développements affectent directement le prix de l’électricité via le fonctionnement du marché européen de gros. En octobre 2023, le prix moyen de l’électricité sur le marché allemand, avec lequel le réseau luxembourgeois est le mieux connecté, était de 85 EUR/MWh (contre 155 EUR/MWh en juillet 2022).

Cette détente des marchés de l’énergie demeure cependant fragile dans la mesure où elle résulte principalement d’une demande de gaz plus faible. Si le prochain hiver est moins clément et la consommation de gaz retrouve son niveau d’avant la guerre en Ukraine, un nouvel emballement des prix de l’énergie est possible. Par ailleurs, les anticipations de prix des marchés pourraient changer en cas d’aggravation des tensions géopolitiques, notamment au Proche-Orient.

Néanmoins, à partir de l’évolution récente des prix sur les marchés de l’énergie et du mode d’approvisionnement des fournisseurs d’énergie au Luxembourg, les ménages pourraient bénéficier dès le début de l’année prochaine de tarifs de gaz inférieurs au prix actuellement plafonné à 0.83 EUR/m3. Pour l’électricité, l’évolution récente a moins d’effets sur les tarifs de l’année prochaine au Luxembourg, puisqu’une grande partie de l’électricité qui sera fournie en 2024 a déjà été achetée au cours de 2021 et 2022, aux prix du marché qui prévalaient à ce moment.

Par ailleurs, en 2024, à législation constante, l’Etat prendra en charge les frais d’utilisation de réseau pour le gaz alors que le tarif du gaz tomberait en dessous du prix plafond de 0.83 EUR/m3. Le prix de l’électricité resterait constant et une remise de 15 centimes d’euro par litre serait accordée sur le prix du mazout de chauffage. Ces mesures, décidées dans le cadre du Solidaritéitspak 3.0, devraient éviter un rebond de l’inflation que le STATEC avait auparavant anticipé (de 3.4% en 2023 à 4.8% en 2024 dans les prévisions de février).

L’inflation sous-jacente est légèrement revue à la baisse et serait de 4.5% en 2023 et 2.7% en 2024 (contre 4.8% et 2.9% précédemment). En revanche, le renchérissement du prix du Brent va impacter à la hausse les prix des produits pétroliers. Ces derniers connaîtraient des baisses moins importantes avec -7.3% en 2023 et -0.7% en 2024 (contre -10.1% et -3.9% précédemment). Le STATEC table ainsi sur une inflation de 3.8% pour cette année et 2.6% pour 2024 (soit une révision marginale par rapport aux prévisions d’août à 3.9% et 2.5%). Selon les prévisions d’inflation du scénario central, la prochaine indexation aurait lieu au 3e trimestre 2024. 

Prévisions selon des hypothèses alternatives sur les prix de l'énergie  

Source : STATEC (prévisions du 02/11/2023)

* Le paiement d’une tranche indiciaire a été effectué au mois d’avril 2023 conformément à la loi du 29 juin 2022.

** Ces prévisions intègrent une majoration de la taxe CO2 de 5 EUR / tCO2e en 2024.

*** Prix moyens TTC pour un client résidentiel au Luxembourg avec une consommation annuelle de 2 426 m3 de gaz et 4 191 kWh d’électricité. Ces prix sont calculés en supposant i) pour le gaz : prise en charge par l’Etat des tarifs d’utilisation du réseau et tarif maximal du gaz, 0.83 euros par m.  ii) pour l’électricité : les prix resteraient constants en 2024 via une adaptation de la contribution au mécanisme de compensation.

Deux scénarios alternatifs selon l’évolution des prix énergétiques

Comme à l’accoutumée, deux scénarios alternatifs sont établis à partir des marchés à terme, reflétant les anticipations les plus optimistes ou pessimistes sur les prix de l’électricité et du gaz en 2024. S’y ajoutent des évolutions alternatives du prix du Brent en 2023 et 2024, établies à partir des déviations historiques.

Le scénario bas anticipe une baisse des prix du gaz (-30%) et du Brent (-23%) en 2024, mais pas de variation sur le prix de l’électricité. Le scénario haut est limité par les boucliers tarifaires sur le prix du gaz et de l’électricité. Ainsi, ce scénario suppose qu’en 2024, le prix de l’électricité resterait constant, le prix du gaz ne serait augmenté que de 2% (suite à la hausse de TVA qui passerait de 7% à 8% et de la majoration de la taxe CO2), alors que le prix du Brent augmenterait de 26%.

Le scénario bas ne prévoit aucune indexation en 2024, alors que dans le scénario haut une indexation aurait lieu déjà au 2e trimestre 2024.

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Cette publication a été réalisée par Gabriel Gomes et Tom Haas.
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