Préface

NDC 2-25

La dernière Note de conjoncture dressait un tableau marqué par des incertitudes relatives aux politiques économiques et commerciales atteignant des niveaux inédits. Pourtant, depuis, le scénario d’une escalade de la guerre commerciale semble s’être éloigné. En 2025, les échanges internationaux de marchandises ont fait preuve d’une résilience remarquable, tandis que les prévisions de croissance pour cette année, régulièrement revues à la baisse en 2024, se sont enfin stabilisées, voire redressées depuis le printemps dernier. Au Luxembourg, après trois années de quasi-stagnation, l’activité économique montre des signes encourageants de reprise depuis le début de l’année, avec des signaux positifs supplémentaires sur certains indicateurs déjà disponibles pour le troisième trimestre. La croissance devrait se renforcer sur l’horizon de prévision 2025-2027, mais elle resterait néanmoins inférieure au rythme moyen atteint au cours de la décennie 2010.

Moindres incertitudes

Les tensions liées aux tarifs douaniers américains ont certes pesé sur l’économie mondiale en début d’année, mais leurs effets les plus négatifs ont été en partie reportés à 2026. Les revirements successifs et les accords conclus – dont celui entre les États- Unis et l’Union européenne fin août – ont permis d’éviter une escalade redoutée. Cette accalmie reste fragile, rappelant notre vulnérabilité face à une géopolitique imprévisible et à des chaînes de valeur mondiales trop dépendantes d’un nombre restreint d’acteurs systémiques. Pour les décideurs, cela implique une diversification non seulement des activités économiques, mais aussi des partenariats commerciaux. Les politiques commerciale, budgétaire et monétaire des États-Unis sont au coeur des scénarios de prévision alternatifs présentés dans cette Note de conjoncture.

Moindre indépendance

Si l’horizon s’est légèrement éclairci sur le front des incertitudes, d’autres préoccupations ont émergé cet été, notamment autour de l’indépendance de la statistique publique. Le 1er août, le limogeage de la directrice du Bureau of Labor Statistics aux États-Unis, sur fond de chiffres de l’emploi décevants (et jugés fallacieux par le président américain), a rappelé brutalement le risque de pressions sur les instituts statistiques. Dans ce contexte, le 20e anniversaire du Code de bonnes pratiques statistiques européen, célébré récemment, prend une dimension particulière. Ce cadre, qui consacre l’indépendance professionnelle des statisticiens, est le garant d’analyses rigoureuses et neutres, essentielles à la confiance dans les débats démocratiques. Dans la foulée, à l’occasion de la Journée de la statistique, le STATEC a présenté son programme de travail pour les années à venir, plaçant la qualité des données, des statistiques et des prévisions au coeur de ses priorités. Cet engagement est crucial pour préserver la confiance, relativement élevée par rapport à d’autres institutions, que les citoyens et les décideurs accordent à nos chiffres.


Tom Haas

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