Prévision d’inflation : 2.2% pour 2024 et 3.3% pour 2025

Comme dans la zone euro, le ralentissement de l’inflation au Luxembourg a été plus fort qu’anticipé à la fin de 2023. Le STATEC abaisse à 2.2% sa prévision d’inflation pour cette année et prévoit une tranche indiciaire seulement au dernier trimestre 2024. La levée des boucliers tarifaires au tournant de l’année 2025 conduirait à un ajustement haussier des prix du gaz et de l’électricité poussant l’inflation à 3.3%. Une indexation est prévue pour le 3e trimestre 2025.

L’inflation poursuit une tendance baissière au Grand-Duché avec 3.4% sur un an en janvier 2024. Ce repli résulte de la baisse du prix des produits pétroliers (-4.4% en janvier, contre +3.9% un an plus tôt) couplée au ralentissement graduel de l’inflation sous-jacente[1] qui s’affiche à 4% en janvier (contre 4.8% un an plus tôt) [2].

Taux d’inflation annuel et contributions

Source : STATEC (prévisions du 06/02/2024)
Note : La contribution de l’inflation sous-jacente est définie comme la différence entre l’IPCN et les contributions de l’électricité et des produits pétroliers. 

 

Au cours des derniers mois, le repli de l’inflation a été plus rapide qu’anticipé. Les produits pétroliers affichent des taux annuels négatifs avec une inflation moyenne de -8.2% en 2023 (contre +42% en 2022) reflétant la détente sur les marchés énergétiques en Europe. Du côté de l’inflation sous-jacente, le freinage en cours a été notamment soutenu par la moindre progression des prix des produits alimentaires après le pic de mars dernier. En janvier, l’inflation alimentaire (6.4% sur un an) est la plus faible depuis 19 mois. Les prix des services quant à eux ont affiché pour la première fois depuis un an un léger recul de l’inflation en janvier (4.7%, soit une baisse de 0.1 point de % par rapport à décembre). Des tendances similaires se constatent à l’échelle de la zone euro où l’inflation est en net recul atteignant 2.8% en janvier (contre 8.6% un an plus tôt). 

Après la levée des boucliers tarifaires, prévue au 1er janvier 2025, et en l’absence de nouvelles mesures, l’inflation devrait rebondir et se maintenir au-dessus de 3% tout au long de l’année prochaine. Cela résulte principalement des contributions positives de l’électricité et du gaz. 

En 2025, le ralentissement de l’inflation devrait se poursuivre en zone euro…

Les principales institutions internationales anticipent toujours une inflation en zone euro supérieure à 2% en 2024 et 2025. Les dernières prévisions du Fonds monétaire international, de la Commission européenne et de l’OCDE tablent, en moyenne, sur une progression des taux d’inflation en zone euro de 3.1% en 2024 et de 2.3% en 2025.

Les nouvelles prévisions émanant d’Oxford Economics (OE) anticipent un repli plus fort des prix à la consommation. Cela résulte d’un plus fort freinage attendu pour les prix de l’énergie et de l’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) à partir du 1e trimestre 2024. Les dernières prévisions d’OE révisent également à la baisse les hypothèses sur le prix du pétrole : 76 USD/baril en 2024 et 77 USD/baril en 2025 (contre respectivement 87 et 80 précédemment). Cette baisse du brut est amplifiée en 2024 par l’appréciation du taux de change de l’euro vis-à-vis du dollar qui atteindrait 1.09 USD/EUR (contre 1.06 précédemment). Les effets baissiers de l’appréciation de l’euro et la diminution du prix du Brent favorisent davantage le recul des prix à la consommation en 2024. OE révise ainsi sa prévision d’inflation pour la zone euro à 1.6% en 2024 et 1.2% en 2025 (contre respectivement 1.9% et 1.0% précédemment).

.…mais pas au Luxembourg, si le bouclier sur le prix de l’énergie est démantelé

Au Luxembourg, les mesures étatiques sur les prix de l’énergie mises en place au cours de 2022 et 2023 ont permis de contenir l’inflation à un niveau plus faible que dans la zone euro. En 2024, tout comme en 2023, le prix du gaz payé par les ménages n’augmentera pas de plus que 15% par rapport à sa valeur de septembre 2022, le prix de l’électricité ne connaîtra pas d’augmentation et le prix du mazout de chauffage bénéficiera d'un rabais de 15 centimes d’euro par litre. En l’absence de ces mesures, le prix du gaz payé par le consommateur aurait été plus cher de 34% en 2022, 60% en 2023 et 29% en 2024, reflétant l’envolée des prix du marché en 2022. Le renchérissement du gaz aurait également eu des implications sur le prix de l’électricité qui aurait coûté environ 65% de plus en 2023 et 2024. Dans cette situation contrefactuelle, l’inflation aurait atteint 7.6% en 2022, 6.6% en 2023 et 3.4% en 2024 avec 7 dépassements de la côte d’échéance de l’indexation entre mars 2022 et le 4e trimestre 2024.

Les mesures précitées s’appliquent jusqu’au 31 décembre 2024. De ce fait, à partir de janvier 2025, et en l’absence de mesures additionnelles, les prix à la consommation devraient connaître un ajustement à la hausse, en particulier ceux de l’énergie. En 2025, le STATEC prévoit ainsi une hausse du prix du gaz et de l’électricité de respectivement 17% et 60%. Cette prévision découle directement de l’évolution des prix sur les marchés dérivés et du mode d’approvisionnement des fournisseurs d’énergie au Luxembourg[3]. Il va sans dire que les anticipations de prix des marchés sont volatiles et ainsi les prévisions qui en découlent à l’horizon 2025 sont à considérer avec prudence[4].

Reflétant le ralentissement de l’inflation plus fort qu’anticipé sur la fin de 2023 ainsi que les nouvelles hypothèses d’OE, le STATEC révise à 2.2% sa prévision d’inflation pour cette année (contre 2.5% précédemment). L’année prochaine, l’inflation devrait remonter à 3.3%. L’inflation sous-jacente est légèrement révisée à la hausse à 2.8% en 2024 (contre 2.7% précédemment) et à 3.0% en 2025. Selon les prévisions d’inflation du scénario central, une indexation aurait lieu au 4e trimestre 2024 à laquelle s’ajouterait un nouveau paiement au 3e trimestre 2025.

Prévisions selon des hypothèses alternatives sur les prix de l’énergie

Source : STATEC (prévisions du 06/02/2024)

* Ces prévisions intègrent une majoration de la taxe CO2 de 5 EUR / tCO2e en 2025. 

** Prix moyens TTC pour un client résidentiel au Luxembourg avec une consommation annuelle de 2 426 m3 de gaz et 4 191 kWh d’électricité. A partir des hypothèses de la Direction générale Energie du ministère de l'Économie, ces prix sont calculés en supposant i) pour le gaz : les tarifs d’utilisation du réseau connaîtraient une augmentation de 6% en 2025; ii) pour l’électricité : la contribution au mécanisme de compensation reviendrait à 3.63 centimes EUR/kWh (soit le niveau de 2021) à partir de 2025 et les tarifs d’utilisation du réseau connaîtraient une hausse de 15%. 

Deux scénarios alternatifs des prix énergétiques

Deux scénarios alternatifs sont établis à partir des déviations historiques des tarifs de l’électricité, du gaz et du prix du Brent (ce dernier se répercutant sur les prix du diesel, de l’essence et du mazout de chauffage). Tenant compte des mesures en place, les scénarios haut et bas pour l’électricité et le gaz ne sont considérés que pour l’année 2025. Le scénario haut suppose qu’en 2025, le gaz, l’électricité et le Brent connaîtraient des hausses de respectivement 37%, 93% et 2%. Le scénario bas anticipe une augmentation plus faible du prix du gaz (+10%), de l’électricité (+47%) et une légère baisse du prix du Brent (-2%) en 2025.

Le scénario bas prévoit une indexation au 4e trimestre 2024, mais n’anticipe aucune nouvelle indexation en 2025. Le scénario haut anticipe une nouvelle indexation au 3e trimestre 2024, suivi de deux indexations en 2025 : au 2e trimestre et au 3e trimestre. 

[1] L’inflation sous-jacente est une sous-série de l'indice général (IPCN) qui exclut notamment les prix pétroliers et d'autres prix qui se forment sur les marchés internationaux.

[2] L’inflation au mois de janvier a été affectée par la fin de la mesure réduisant de 1 point de % certains taux de TVA en 2023. Le STATEC estime que cela aurait pu contribuer à l’inflation à raison de quelque +0.2 à +0.4 point de % (voir Regards 08-23 pour plus d’informations). 

[3] Voir Chapitre 7.2 de la Note de conjoncture 1-23.

[4] En effet, une grande partie de l’électricité qui sera fournie en 2025 a déjà été achetée au cours de 2022 et 2023 au prix du marché qui prévalait à ce moment. Ces achats anticipés permettent d’avoir une vue relativement claire sur les tarifs de l’électricité qui seront facturés en 2025. En ce qui concerne le gaz, les incertitudes sont plus élevées en raison de la structure du marché : la plupart des achats s’effectuent seulement quelques mois avant la date de livraison. Par conséquent, les prévisions s’appuient principalement sur les anticipations du marché (au mois de janvier 2024) pour l’année 2025. 

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Cette publication a été réalisée par Gabriel Gomes et Tom Haas.
Le STATEC tient à remercier tous les collaborateurs qui ont contribué à la réalisation de cette parution.

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