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Prévision d’inflation : 2.3% pour 2024 et 3.1% pour 2025
Les incertitudes géopolitiques au Proche-Orient ont fait grimper les prix du pétrole au cours des derniers mois. Les produits pétroliers contribuent ainsi positivement à l’inflation depuis janvier. Le STATEC relève par conséquent à 2.3% sa prévision d’inflation pour cette année et prévoit une tranche indiciaire au dernier trimestre 2024. La fin supposée des boucliers tarifaires au tournant de l’année 2025 conduirait à une hausse des prix du gaz et de l’électricité poussant l’inflation à 3.1%. Une indexation serait toujours prévue pour le 3e trimestre 2025.
En avril 2024, l’inflation annuelle au Luxembourg atteint son niveau le plus bas depuis près de 3 ans, à 2.4%. Ce repli résulte de la diminution de l’inflation sous-jacente[1] (2.4% en avril contre 4.9% il y a un an). En revanche, les prix des produits pétroliers ont augmenté de façon inattendue sur les derniers mois (+3.5% sur an en avril). Malgré cela, la trajectoire de ralentissement de l’inflation observée sur la période récente est très similaire à celle dessinée dans les prévisions publiées en février 2024.
Taux d’inflation annuel et contributions
Source : STATEC (prévisions du 06/05/2024)
Note : La contribution de l’inflation sous-jacente est définie comme la différence entre l’IPCN et les contributions de l’électricité et des produits pétroliers.
Le freinage de l’inflation sous-jacente découle notamment de celui des prix des produits alimentaires après le pic de mars dernier. En avril, l’inflation alimentaire (+2.4% sur un an) ne contribue que peu à l’inflation globale (+0.3 point de %, contre +1.6 point un an plus tôt). Les prix des services quant à eux ont fortement ralenti en avril (de +4.7% sur un an en mars à +3.4%). Cela reflète la fin de l’impact des indexations des mois de février et avril 2023. En effet, seule l’indexation de septembre 2023 impacte encore l’inflation annuelle au mois d’avril. Des tendances similaires se constatent à l’échelle de la zone euro où l’inflation est en net recul, atteignant 2.4% en avril (contre 7.0% un an auparavant).
Comme indiqué dans le STATNEWS de février 2024, après la levée supposée des boucliers tarifaires, prévue au 1er janvier 2025, et en l’absence de nouvelles mesures, l’inflation rebondirait et se maintiendrait au-dessus de 3% tout au long de l’année prochaine. Cela résulterait principalement des contributions positives de l’électricité et du gaz.
En 2025, l’inflation devrait approcher 2% en zone euro…
Les principales institutions internationales anticipent toujours une inflation en zone euro supérieure à 2% en 2024 et 2025. Pour 2024, les prévisions se situent dans une fourchette allant de 2.1% (Oxford Economics) à 2.7% (Commission européenne). Pour 2025, l’inflation est prévue entre 1.3% (Oxford Economics) et 2.2% (Commission européenne et OCDE).
Les nouvelles prévisions émanant d’Oxford Economics (OE) anticipent un repli plus lent des prix à la consommation par rapport aux prévisions précédentes. Cela résulte d’une dynamique plus soutenue de l’inflation alimentaire et des prix de l’énergie en 2024. Les dernières prévisions d’OE révisent à la hausse les hypothèses sur le prix du pétrole en 2024 à 83 USD/baril (contre 76 précédemment) mais maintiennent le baril à 77 USD en 2025. Le taux de change de l’euro vis-à-vis du dollar est maintenu à 1.09 USD/EUR en 2024 et 1.10 USD/EUR en 2025. Ces révisions favorisent la dynamique des prix à la consommation. OE révise ainsi sa prévision d’inflation pour la zone euro à 2.1% en 2024 et 1.3% en 2025 (contre respectivement 1.6% et 1.2% précédemment).
…mais 3% au Luxembourg avec la levée supposée des boucliers tarifaires
A partir de janvier 2025, et en l’absence de mesures additionnelles, les prix à la consommation devraient augmenter, en particulier ceux de l’énergie. De ce fait, en 2025, le STATEC prévoit une hausse du prix du gaz et de l’électricité de respectivement 17% et 60%. Cette prévision découle directement de l’évolution des prix sur les marchés dérivés et du mode d’approvisionnement des fournisseurs d’énergie au Luxembourg[2]. Il va sans dire que les anticipations de prix des marchés sont volatiles et que les prévisions qui en découlent à l’horizon 2025 sont ainsi à considérer avec prudence[3].
Reflétant le ralentissement de l’inflation plus conséquent qu’anticipé sur la fin de 2023 ainsi que les nouvelles hypothèses d’OE, le STATEC relève légèrement à 2.3% sa prévision d’inflation pour cette année (contre 2.2% précédemment). L’année prochaine, l’inflation est abaissée à 3.1% (contre 3.3% précédemment). L’inflation sous-jacente est révisée à la baisse à 2.6% en 2024 (contre 2.8% précédemment) et maintenue à 3.0% en 2025. Selon les prévisions d’inflation du scénario central, une indexation aurait lieu au 4e trimestre 2024 à laquelle s’ajouterait un nouveau paiement au 3e trimestre 2025 (ces échéances étaient identiques dans les prévisions de février dernier).
Prévisions selon des hypothèses alternatives sur les prix de l’énergie
Source : Source : STATEC (prévisions du 06/05/2024)
* Ces prévisions intègrent une majoration de la taxe CO2 de 5 EUR / tCO2 en 2025
** Prix moyens TTC pour un client résidentiel au Luxembourg avec une consommation annuelle de 2 426 m3 de gaz et 4 191 kWh d’électricité. A partir des hypothèses de la Direction générale Energie du ministère de l'Économie, ces prix sont calculés en supposant i) pour le gaz : les tarifs d’utilisation du réseau connaîtraient une augmentation de 6% en 2025; ii) pour l’électricité : la contribution au mécanisme de compensation reviendrait à 3.63 centimes EUR/kWh (soit le niveau de 2021) à partir de 2025 et les tarifs d’utilisation du réseau connaîtraient une hausse de 15%.
Deux scénarios alternatifs des prix énergétiques
Deux scénarios alternatifs sont établis à partir des déviations historiques des tarifs de l’électricité, du gaz et du prix du pétrole Brent (ce dernier se répercutant sur les prix du diesel, de l’essence et du mazout de chauffage). Tenant compte des mesures en place, les scénarios haut et bas pour l’électricité et le gaz ne sont considérés que pour l’année 2025. Le scénario haut suppose qu’en 2025, le gaz, l’électricité et le Brent connaîtraient des hausses de respectivement 34%, 93% et 18%. Le scénario bas anticipe une augmentation plus faible du prix du gaz (+11%), de l’électricité (+48%) et une baisse du prix du Brent (-25%) en 2025.
Le scénario bas prévoit une prochaine indexation seulement au 2e trimestre 2025. Le scénario haut l’anticipe pour le 3e trimestre 2024, suivie de deux indexations supplémentaires en 2025 : au 2e trimestre et au 3e trimestre.
[1] L’inflation sous-jacente est une sous-série de l'indice général (IPCN) qui exclut notamment les prix pétroliers et d'autres prix qui se forment sur les marchés internationaux.
[2] Voir Chapitre 7.2 de la Note de conjoncture 1-23.
[3] En effet, les incertitudes autour du prix du gaz sont plus élevées en raison de la structure du marché : la plupart des achats s’effectuent seulement quelques mois avant la date de livraison. Par conséquent, les prévisions s’appuient principalement sur les anticipations du marché (au mois de janvier 2024) pour l’année 2025. En revanche, pour l’électricité, une grande partie de l’énergie qui sera fournie en 2025 a déjà été achetée au cours de 2022 et 2023 au prix du marché qui prévalait à ce moment. Ces achats anticipés permettent d’avoir une vue relativement claire sur les tarifs de l’électricité qui seront facturés en 2025. [1] L’inflation sous-jacente est une sous-série de l'indice général (IPCN) qui exclut notamment les prix pétroliers et d'autres prix qui se forment sur les marchés internationaux.
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