Prévision d’inflation : 2.3% pour 2024 et 2.6% pour 2025

Le ralentissement du taux d’inflation au Luxembourg se poursuit. Le STATEC maintient à 2.3% sa prévision d’inflation pour cette année et prévoit la prochaine tranche indiciaire au dernier trimestre 2024. La levée partielle des boucliers tarifaires au tournant de l’année 2025 limiterait la hausse des prix de l’électricité. Le STATEC abaisse ainsi à 2.6% sa prévision d’inflation pour 2025, avec une indexation prévue pour le 4e trimestre 2025.

En juillet 2024, l’inflation annuelle au Luxembourg s’élève à seulement 2.0%, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis le début de 2021. Ce repli résulte de la diminution de l’inflation sous-jacente[1] (2.0% en juillet contre 4.9% il y a un an) couplée à un ralentissement des prix des produits pétroliers (+1.3% sur an en juillet contre +4.2% en mai). Par ailleurs, l’inflation observée sur la période récente est proche de celle anticipée dans les prévisions publiées en mai 2024.

Taux d’inflation annuel et contributions

Source : STATEC (prévisions du 07/08/2024)

Note : La contribution de l’inflation sous-jacente est définie comme la différence entre l’IPCN et les contributions de l’électricité et des produits pétroliers.  

Le freinage en cours de l’inflation sous-jacente a été favorisé par la moindre progression des produits alimentaires ainsi qu’une baisse des prix des biens industriels non-énergétiques (-0.1% sur un an en juillet). L’inflation alimentaire (+1.5% sur un an) ne contribue que peu à l’inflation globale en juillet (+0.2 point de %, contre +1.3 point un an plus tôt). Les prix des services quant à eux ralentissent depuis 2 mois et s’affichent à +3.5% sur un an en juillet (contre +4.0% en mai). Cela reflète surtout la fin de l’impact des indexations des mois de février et avril 2023. En effet, seule l’indexation de septembre 2023 impacte encore l’inflation annuelle au mois de juillet.

A l’échelle de la zone euro, en revanche, l’inflation stagne. Celle-ci évolue autour de 2.5% depuis février et affiche 2.6% en juillet. L’inflation des services baisse légèrement et atteint 4% en juillet (contre +4.1% en juin et mai), l’inflation des produits alimentaires quant à elle affiche 2.3% (contre +2.4% en juin et +2.6% en mai).

En 2025, l’inflation devrait approcher 2% en zone euro…

Les principales institutions internationales anticipent une inflation en zone euro supérieure à 2% en 2024 et 2025. Pour 2024, les prévisions se situent dans une fourchette allant de 2.3% (Oxford Economics) à 2.5% (Commission européenne et BCE). Pour 2025, l’inflation est prévue entre 1.4% (Oxford Economics) et 2.2% (BCE et OCDE).

Les nouvelles projections émanant d’Oxford Economics (OE), utilisées dans le modèle de prévision d’inflation du STATEC, anticipent un repli plus lent des prix à la consommation en zone euro par rapport aux prévisions précédentes. Cela résulte d’une dynamique plus soutenue de l’inflation alimentaire et des prix de l’énergie en 2024. Les dernières prévisions d’OE révisent très légèrement à la hausse les hypothèses sur le prix du pétrole en 2024 et 2025 à 83 et à 78 USD/baril respectivement. Le taux de change de l’euro vis-à-vis du dollar est révisé à la baisse à 1.08 USD/EUR en 2024 ainsi qu’en 2025 (contre respectivement 1.09 et 1.10 USD/EUR précédemment). OE révise ainsi sa prévision d’inflation pour la zone euro à 2.3% en 2024 et 1.4% en 2025 (contre respectivement 2.1% et 1.3% précédemment). Les prix des biens importés en revanche sont révisés à la baisse.

…et 2.6% au Luxembourg suite au démantèlement partiel du bouclier sur les prix de l’énergie

Pour éviter un choc inflationniste résultant de la levée des boucliers tarifaires au tournant de l’année 2025, une disparition partielle des mesures de plafonnement des prix de l’énergie a été annoncée par le gouvernement. Les prévisions d’inflation intègrent désormais une limitation de la hausse du prix de l’électricité en 2025 à 30% (soit la moitié de la hausse anticipée de 60% en l’absence de mesures additionnelles) et divergent ainsi de la prévision à politique inchangée, publiée par le STATEC début mai[1]. Les prix du gaz quant à eux augmenteraient de 14%, sous l’effet de la fin de la prise en charge par l’Etat des frais de réseaux. Cette prévision découle directement de l’évolution des prix sur les marchés dérivés et du mode d’approvisionnement des fournisseurs d’énergie au Luxembourg[2]. Il va sans dire que les anticipations de prix des marchés sont volatiles et que les prévisions qui en découlent à l’horizon 2025 sont à considérer avec prudence[3].

Reflétant une évolution des prix observés sur les derniers mois conforme à celle dessinée dans les prévisions précédentes, le STATEC maintient à 2.3% sa prévision d’inflation pour cette année. L’année prochaine, l’inflation est revue à la baisse à 2.6% (contre 3.1% précédemment), tenant compte de la levée partielle des boucliers tarifaires sur l’électricité. L’inflation sous-jacente, qui comprend l’électricité, est maintenue à 2.6% en 2024 et révisée à la baisse à 2.4% en 2025 (contre 3.0% précédemment). Selon les prévisions d’inflation du scénario central, une indexation aurait toujours lieu au 4e trimestre 2024, à laquelle s’ajouterait une nouvelle tranche indiciaire au 4e trimestre 2025 (soit un trimestre plus tard qu’avec une levée intégrale des boucliers tarifaires supposée dans les prévisions de mai).

Prévisions selon des hypothèses alternatives sur les prix de l’énergie

Source : Source : STATEC (prévisions du 07/08/2024)

* Ces prévisions intègrent une majoration de la taxe CO2 de 5 EUR / tCO2 en 2025

** Prix moyens TTC pour un client résidentiel au Luxembourg avec une consommation annuelle de 2 426 m3 de gaz et 4 191 kWh d’électricité. A partir des hypothèses de la Direction générale Energie du ministère de l'Économie, ces prix sont calculés en supposant i) pour le gaz : les tarifs d’utilisation du réseau connaîtraient une augmentation de 6% en 2025; ii) pour l’électricité : la contribution au mécanisme de compensation passerait à -2.7 centimes EUR/kWh à partir de 2025 (soit la valeur nécessaire pour contraindre la hausse du prix de l’électricité à 30%) et les tarifs d’utilisation du réseau connaîtraient une hausse de 15%. 

Deux scénarios alternatifs des prix énergétiques

Deux scénarios alternatifs sont établis à partir des déviations historiques des tarifs de l’électricité, du gaz et du prix du pétrole Brent (ce dernier se répercutant sur les prix du diesel, de l’essence et du mazout de chauffage). Tenant compte des mesures en place, les scénarios haut et bas pour l’électricité et le gaz ne sont considérés que pour l’année 2025. Le scénario haut suppose qu’en 2025, le gaz, l’électricité et le Brent connaîtraient des hausses de respectivement 31%, 30% et 23%. Le scénario bas anticipe la même hausse du prix de l’électricité (+30%), une augmentation plus faible du prix du gaz (+5%) et une baisse du prix du Brent (-25%) en 2025.

Le scénario bas prévoit une prochaine indexation seulement au 2e trimestre 2025. Le scénario haut l’anticipe pour le 4e trimestre 2024, suivie d’une indexation supplémentaire déjà au 2e trimestre 2025. 

[1] L’inflation sous-jacente est une sous-série de l'indice général (IPCN) qui exclut notamment les prix pétroliers et d'autres prix qui se forment sur les marchés internationaux.

[2] Les prévisions d’inflation publiées en juin dans la Note de conjoncture 1-2024 intégraient déjà cette limitation de la hausse du prix de l’électricité.

[3] Voir Chapitre 7.2 de la Note de conjoncture 1-23.

[4] En effet, les incertitudes autour du prix du gaz sont plus élevées en raison de la structure du marché : la plupart des achats s’effectuent seulement quelques mois avant la date de livraison. Par conséquent, les prévisions s’appuient principalement sur les anticipations du marché (au mois de juillet 2024) pour l’année 2025. En revanche, pour l’électricité, une grande partie de l’énergie qui sera fournie en 2025 a déjà été achetée au cours de 2022 et 2023 au prix du marché qui prévalait à ce moment. Ces achats anticipés permettent d’avoir une vue relativement claire sur les tarifs de l’électricité qui seront facturés en 2025. 

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Cette publication a été réalisée par Gabriel Gomes et Jil Schaul.
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