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Prévision d’inflation : 1.9% pour 2025 et 2026
L’inflation s’est montrée relativement faible au premier trimestre 2025 et s’établit à 1.7% en avril. L’indexation automatique des salaires a été déclenchée en avril 2025, conduisant au versement d’une tranche indiciaire le 1ᵉʳ mai 2025. Malgré le contexte international de tensions commerciales accrues, le STATEC prévoit une inflation limitée à 1.9% tant en 2025 qu’en 2026. La prochaine tranche indiciaire interviendrait ainsi au 3e trimestre 2026.
Les prévisions d'inflation du STATEC intègrent désormais une vue plus détaillée des différents agrégats d'inflation pour le Luxembourg, avec notamment des prévisions spécifiques pour l’inflation des services, de l'énergie, de l’alimentaire (y compris l'alcool et le tabac), et des biens industriels non énergétiques[1].
Taux d’inflation annuel et contributions
Source : STATEC (prévisions du 07/05/2025)
Au 1er trimestre 2025, la tendance baissière de l’inflation des services s’est poursuivie, contrebalancée toutefois par la contribution positive de l’énergie due à l’allégement des mesures de soutien sur les prix de l’énergie. L'inflation au Luxembourg est remontée à 1.7% en avril, portée notamment par les services et l’alimentation, tandis que les pressions sur les prix de l'énergie se sont nettement atténuées. L’inflation sous-jacente[2] s’affiche à +2.0% en avril (contre +1.5% un mois plus tôt).
Les hausses de prix observées en avril pour les services (+2.2% sur un an, +0.9% sur un mois) et l’alimentation (+1.7% sur un an, +0.6% sur un mois) s’expliquent en grande partie par des effets de base défavorables[3] – en lien avec les ralentissements enregistrés un an plus tôt. En revanche, les prix des produits pétroliers ont poursuivi leur recul en avril, suite à l’effondrement du prix de l’or noir, affichant une inflation annuelle de -6.1%. L’inflation de l’énergie s’en trouve fortement réduite, à 1.1% (contre +6% en moyenne au premier trimestre 2025). L’intensification des tensions commerciales liées aux politiques de l’administration Trump ayant fortement pesé sur les marchés pétroliers en avril 2025, la récente annonce par l’OPEC+ d’un relèvement de sa production combinée à la dépréciation du dollar face à l’euro, devrait continuer à limiter les pressions inflationnistes sur l’énergie au Luxembourg comme en zone euro sur les mois à venir.
Des tendances similaires se constatent à l’échelle de la zone euro où l’inflation reste stable à 2.2% selon une première estimation en avril (contre 2.4% un an plutôt). Comme au Luxembourg, l’inflation des services et celle des produits alimentaires y augmente (de respectivement +3.5% et +2.9% en mars 2025 à +3.9% et 3% en avril), tandis que les prix de l'énergie ralentissent nettement en avril (-3.5% sur un an, après -1% en mars).
Malgré les tensions commerciales, l’inflation se situerait proche des 2% en zone euro…
Les principales institutions internationales anticipent en moyenne une inflation en zone euro proche des 2% en 2025 et 2026. Pour 2025, les prévisions se situent dans une fourchette allant de 1.9% (Oxford Economics) à 2.3% (Commission européenne), étant ainsi légèrement plus élevées que celles anticipées au premier trimestre 2025, dû en grande partie à des tensions économiques croissantes à l'échelle mondiale. Pour 2026, l’inflation prévue s’inscrit dans une fourchette de 1.8% (Oxford Economics) à 2% (OCDE).
Les nouvelles projections émanant d’Oxford Economics (OE), utilisées dans le modèle de prévision d’inflation du STATEC, soulignent les incertitudes face aux politiques de l’administration Trump et prévoient une dépréciation significative du taux de change de l'USD par rapport à l'EUR à 1.09 USD/EUR en 2025 et 1.10 USD/EUR en 2026 (contre 1.04 USD/EUR et 1.06 USD/EUR précédemment). L’hypothèse sur le prix du Brent est revue à la baisse, à 68 USD/baril pour 2025 et 67 USD/baril en 2026 (contre 73 USD/baril précédemment). La dépréciation du dollar vis-à-vis de l’euro allègerait davantage la facture pétrolière de l’Europe. L’opposition entre les pressions inflationnistes haussières liées à une guerre commerciale et celles baissières correspondant aux risques de ralentissement global (pesant sur la consommation et l’investissement) rendent l’environnement économique exceptionnellement incertain. Toutefois, les pressions sur les prix en zone euro devraient plutôt s’atténuer sous l’effet de la baisse des coûts de l’énergie résultant de la dégradation conjoncturelle mondiale.
…ainsi qu’au Luxembourg
Au Luxembourg, la récente hausse de l’inflation a entraîné une indexation automatique des salaires au 1er mai 2025. L'inflation devrait encore progresser au cours des prochains mois, reflétant d'une part l'impact de l'indexation des salaires et d'autre part le renforcement des effets de base positifs sur l’énergie, en particulier sur la fin de l'année. L’inflation moins soutenue qu’anticipé au premier trimestre de 2025, ainsi que la baisse prononcée du pétrole en euros, poussent le STATEC à réviser à 1.9% sa prévision d’inflation pour cette année (contre 2.2% encore en février dernier). Pour l’année prochaine, les prévisions de l'inflation sont légèrement revues à la hausse à 1.9% (contre 1.8% précédemment). L’inflation des services serait de 1.9% en 2025 et de 2.1% en 2026, celle de l’alimentation serait de 1.6% en 2025 avant d’augmenter à 1.9% en 2026. En revanche, l’inflation de l’énergie diminuerait de 7.2% en 2025 à 4.2% en 2026, reflétant des effets de base négatifs. Selon ces prévisions (qui constituent le scénario central du STATEC), la prochaine indexation des salaires aurait lieu au 3e trimestre 2026.
Prévisions selon des hypothèses alternatives sur les prix de l’énergie
Source : STATEC (prévisions du 07/05/2025)
* Au Luxembourg, l’inflation sous-jacente inclut le prix de l’électricité.
** Ces prévisions intègrent une majoration de la taxe CO2 de 5 EUR / tCO2e en 2026.
*** Prix moyens TTC pour un client résidentiel au Luxembourg avec une consommation annuelle de 2 426 m3 de gaz et 3 901 kWh d’électricité. Ces prix sont calculés en supposant i) pour le gaz: des tarifs d’utilisation du réseau maintenus constants à leurs niveaux de 2025, ii) pour l’électricité : à partir de 2026, un retour de la contribution au mécanisme de compensation à sa valeur de 2021 (avant crise énergétique), soit 0.0363 EUR / kWh.
Deux scénarios alternatifs de prix énergétiques
Deux scénarios alternatifs sont établis à partir des déviations historiques sur les marchés de l’énergie de l’électricité, du gaz et du prix du pétrole Brent (ce dernier se répercutant sur les prix du diesel, de l’essence et du mazout de chauffage). Tenant compte des mesures en place (et notamment d’un prix identique dans les différents scénarios pour l’électricité en 2025), les scénarios haut et bas pour l’électricité ne divergent que pour l’année 2026. Le scénario haut suppose qu’en 2026, l’électricité, le gaz et le Brent connaîtraient des hausses de respectivement 30%, 7%, et 17%. Le scénario bas anticipe une augmentation plus faible du prix de l’électricité (+13%) et une baisse du prix du gaz (-9%) et du Brent (-23%) en 2026.
Dans le scénario haut, la prochaine tranche indiciaire aurait lieu dès le 4e trimestre 2025, accompagnée d’une autre au 4e trimestre 2026. Similaire au scénario central, le scénario bas anticipe une indexation au 3e trimestre 2026.
[1] Plus de détails sur le nouveau modèle de prévisions d'inflation utilisé seront fournis dans la prochaine Note de Conjoncture du STATEC, qui sera publiée le 25 juin 2025.
[2] L’inflation sous-jacente est une sous-série de l'indice général (IPCN) qui exclut notamment les prix pétroliers et d'autres prix qui se forment sur les marchés internationaux. Au Luxembourg, l’inflation sous-jacente inclut le prix de l’électricité.
[3] Les prix de ces deux agrégats avaient connu un net freinage au 2e trimestre 2024.
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Cette publication a été réalisée par Jill Schaul et Gabriel Gomes.
Le STATEC tient à remercier tous les collaborateurs qui ont contribué à la réalisation de cette parution.
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