Croissance économique et écologie
Le produit intérieur brut
Le PIB (produit intérieur brut) est la somme des richesses créées, c’est-à-dire des valeurs ajoutées, de toutes les unités de production résidentes sur le territoire luxembourgeois pendant une certaine période, en général une année.
- Répartition VAB par secteurs
- Répartition VAB par types d'activité
Graphique 1.1 - Répartition VAB par secteurs
Source: LUSTAT - Structure de la somme des valeurs ajoutées brutes aux prix de base
Graphique 1.2 - Répartition VAB par types d'activité
Source: LUSTAT - Structure de la somme des valeurs ajoutées brutes aux prix de base
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- PIB/ habitant en ppa
- Comparaisons internationales PIB/ habitant
- Limites du PIB
Pour pouvoir comparer le PIB de différents pays, on utilise souvent la notion de PIB par habitant. Les PIB/habitant des différents pays sont exprimés en parités de pouvoir d’achat (ppa) : cette unité de mesure est une méthode statistique qui permet de comparer le coût, en unités monétaires, du même panier de biens et de services dans différents pays.
Le Luxembourg affiche le PIB par habitant le plus élevé de l’UE. Ce niveau élevé au Luxembourg peut s’expliquer d’un côté par la proportion importante des travailleurs frontaliers dans l’emploi total, qui contribuent au PIB du pays sans être comptabilisés dans la population, de l’autre côté par la bonne situation de l’économie luxembourgeoise.
Le PIB est un indicateur de mesure du bien-être économique d’un pays. Il présente toutefois certaines limites :
- Le calcul du PIB s’appuie uniquement sur les activités rémunérées et déclarées, il ne prend donc pas en compte les activités non rémunérées (comme le bénévolat ou le travail domestique) et les activités non déclarées (comme le travail clandestin)
- Le PIB ne renseigne pas sur la répartition de la richesse créée, il ne fournit donc pas d’informations si la richesse créée est répartie de manière égale entre les différents agents économiques.
La croissance économique
Par croissance économique, on désigne une hausse de l'activité réalisée par l’ensemble des producteurs résidents sur le territoire national par rapport à la période précédente (mesurée par le taux de croissance du PIB réel). Si le PIB augmente d’une année sur l’autre, on parle de haute conjoncture (ou d’expansion de l’activité économique). Si le PIB baisse on parle de basse conjoncture. Si le PIB baisse pendant au moins deux trimestres consécutifs, ou sur une année dans son ensemble, on parle de récession.
Graphique 2 - Historique du taux de croissance du PIB du Luxembourg
Source: STATEC
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- PIB réel/nominal
Pour pouvoir comparer des PIB dans le temps et mesurer la croissance réelle, il faut éliminer les effets des variations de prix (inflation). Une hausse des prix peut faire augmenter le PIB sans qu’il n’y ait pour autant une hausse de la production.
La conjoncture
La conjoncture désigne l’ensemble des variations à court terme de l’activité économique. En principe, l’activité économique fluctue en permanence, c’est-à-dire que des phases de haute conjoncture sont suivies par des phases de basse conjoncture.
Graphique 3 - Historique du taux de croissance du PIB, emploi, inflation
Source: LUSTAT - Prévisions macro-économiques
Pour arriver à augmenter la production totale, les entreprises ont besoin de main-d’œuvre (salariés) et de capital technique (machines). Ainsi, on peut observer que dans une phase de haute conjoncture, l’investissement des entreprises augmente, le taux de chômage diminue et le niveau général des salaires augmente. Ce gain de pouvoir d’achat des ménages se traduit généralement par une augmentation de la consommation des ménages qui aura de nouveau un impact positif sur la production des entreprises. Or, l’augmentation des investissements des entreprises et de la consommation des ménages aura aussi un impact sur le niveau général des prix : on observe alors une augmentation de l’inflation. Dans une phase de basse conjoncture (ou de récession), c'est l'inverse : le taux de chômage augmente, les salaires ont tendance à stagner, voire diminuer, la consommation des ménages et les investissements des entreprises diminuent et l’inflation diminue.
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- Autres indicateurs de conjoncture
- Carré magique de Kaldor
Les économistes peuvent avoir recours à d’autres indicateurs pour prévoir les mouvements conjoncturels. Parmi les indicateurs, on peut citer l’indice des prix à la consommation (IPCN), les indices boursiers, le cours des matières premières, le taux d’emploi, …
Pour illustrer la situation conjoncturelle d’un pays, on peut avoir recours à la représentation graphique connue sous le nom de « carré magique » proposé par l’économiste Nicholas Kaldor. Les 4 sommets du quadrilatère représentent les 4 objectifs de la politique économique d’un pays :
- Le plein emploi (mesuré par le taux de chômage) ;
- La stabilité des prix (mesurée par le taux d’inflation) ;
- La croissance économique (mesurée par le taux de croissance du PIB) ;
- L’équilibre extérieur (mesuré par le solde de la balance courante).
Pour chacun des 4 indicateurs, un point proche du centre décrit une mauvaise situation économique, tandis qu’un point éloigné du centre décrit une bonne situation. La notion de « magique » est utilisé dans ce contexte parce qu’il est très difficile d’atteindre simultanément tous les objectifs fixés. Vers un exemple (Png, 331 Ko)
La politique conjoncturelle
Par une politique appropriée, les autorités publiques tentent de corriger le niveau de l’activité économique en poursuivant essentiellement deux objectifs :
- Le plein-emploi : maintenir le niveau de chômage au plus bas niveau possible
- Stabilité des prix : maintenir le taux d’inflation à un niveau relativement faible
Toutefois, il faut remarquer que l’atteinte de ces deux objectifs en même temps est compliquée.
Deux acteurs peuvent intervenir : l'État avec une politique budgétaire et la banque centrale européenne par une politique monétaire.
L’État et la politique budgétaire
La politique budgétaire est menée par l’État à travers ses recettes et ses dépenses, qui sont déterminées dans le budget de l’État.
- Loi du budget : Le Budget de l’État est une loi votée à la Chambre des Députés concernant les prévisions des recettes et les dépenses prévues pour l’année à venir. Lire plus
Dans un scénario de basse conjoncture, le niveau de demande globale est insuffisant pour permettre le plein-emploi des facteurs de production. L’État peut mener une politique expansive pour combattre le chômage en stimulant la demande des ménages et des entreprises par une politique de relance de la demande. On s’attend à une augmentation de la demande privée (consommation et investissement) qui peut être suivie d’une relance de la production, et en général par un recrutement de travailleurs au chômage.
Dans un scénario de haute conjoncture, l’État peut recourir à une politique contracyclique, c'est à dire restrictive, afin d’éviter une surchauffe de l’économie et ainsi combattre l’inflation.
Graphique 4 - PIB en volume en niveau
Source: STATEC
La banque centrale européenne et la politique monétaire
Pour la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) est chargée de la politique monétaire des pays ayant adopté l’euro. Le principal objectif de la BCE est la stabilité des prix (taux d’inflation proche, mais inférieur à 2 %). La BCE peut également prendre des mesures pour influencer positivement la conjoncture économique et ainsi combattre le chômage.
Le principal instrument de la BCE est le taux d’intérêt directeur c’est-à-dire le taux d’intérêt auquel une banque centrale prête de l’argent aux banques commerciales.
Si la banque centrale décide de relancer l’économie, alors elle baisse le taux d’intérêt directeur. Les banques commerciales baissent également leur taux d’intérêt sur leurs prêts, ainsi le recours au crédit devient moins cher. Les agents économiques tels que les entreprises, les ménages et l’État font plus d’emprunts et la demande sur le marché augmente. Les entreprises augmentent leur production et embauchent davantage de personnes : le chômage diminue.
Économie et écologie
Il faut être conscient que la production de biens et de services nécessite des ressources qui sont normalement disponibles en quantités limitées, donc rares. Un niveau de production élevé est souvent associé à des coûts écologiques telles que la pollution (de l’air et de l’eau) et la destruction de l’environnement.
D’une part, l’élimination des déchets à la fin de vie des produits pose des problèmes, d’autre part, la consommation d’énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole) est à l’origine de gaz à effet de serre, une des causes du réchauffement climatique. Ces coûts écologiques doivent être considérés lorsqu’on veut apprécier la contribution de l’activité économique au bien-être de la collectivité. Le Luxembourg s’engage à réorienter son modèle de croissance économique vers une logique de développement durable qui est une forme de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité, pour les générations futures, de pouvoir répondre à leurs propres besoins. Ceci correspond à une vision à long terme permettant à tous de bénéficier des ressources naturelles et non de les épuiser, ni les détruire.
Ainsi, le remplacement des combustibles fossiles par des énergies renouvelables, les gains d’efficacité dans la production (moins de matières premières, moins d’énergie) et une réduction des déchets non recyclables pourraient réduire l’impact environnemental de la production économique sans pour autant réduire le volume de la production.
Voici quelques indicateurs pour mesurer l’impact sur l’environnement naturel :
- Consommation d'énergie
- Émissions directes
- Intensité carbone
- Empreinte matérielle
- Déchêts générés
La consommation énergétique du pays n’augmente plus depuis 2005, alors que la consommation énergétique par habitant est en baisse significative. Le Luxembourg reste très dépendant des importations d’énergies, la production nationale étant encore limitée. Toutefois, la production des énergies renouvelables est en hausse.
Graphique 5 - Consommation énergétique totale à la baisse
Source : STATEC, A4104
Les émissions directes, qui résultent de la combustion des énergies fossiles vendues au Luxembourg et de l’activité du secteur agricole et du secteur des déchets, affichent au Luxembourg depuis 2005 une tendance à la baisse, bien que le PIB ait augmenté de plus de 50% depuis lors. Ces trajectoires opposées montrent le découplage entre les émissions directes et la croissance du PIB.
Graphique 6 - Découplage entre PIB et les émissions directes
Source : Administration de l'environnement, STATEC
L’intensité carbone d’une économie décrit la relation entre les émissions directes et le PIB d’un pays. Au Luxembourg, cet indicateur suit une trajectoire baissière depuis 2005, ce qui signifie que le Luxembourg a réussi à réduire ses émissions par unité de valeur ajoutée.
Graphique 7 - L’intensité carbone de l’économie luxembourgeoise en baisse depuis 2005
Source: STATEC
L’empreinte matérielle est un indicateur de pressions exercées sur l’environnement pour soutenir la croissance économique. Il correspond à la quantité totale de matières premières extraites pour satisfaire les demandes de consommation finale. L’empreinte matérielle par habitant est très élevée au Luxembourg, mais il y a une tendance à la baisse. On peut constater un découplage entre la consommation de matières premières et le développement économique, surtout à partir de 2010.
Graphique 8 - Découplage entre PIB et consommation de matières premières (index 2000=100)
Source: STATEC
Le Luxembourg consacre des sommes importantes à la gestion et le traitement des déchets. On constate une stagnation du volume total de déchets générés depuis le début du siècle, et ceci malgré une augmentation considérable de la population totale. Le recyclage et le compostage sont deux facteurs qui expliquent cette tendance.
Graphique 9 - Stagnation du volume total de déchets générés (en 1000 t)
Source: STATEC
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