Prévision d’inflation : 2.2% pour 2025 et 1.5% pour 2026
L’évolution de l’inflation annuelle au Luxembourg est demeurée soutenue au troisième trimestre 2025. Le STATEC table désormais sur une inflation de 2.2% en 2025, tandis qu’en 2026 celle-ci devrait s’affaisser à 1.5%, reflétant la stabilisation attendue pour les prix énergétiques, notamment ceux de l’électricité. Un retour progressif vers un taux d’inflation proche de la cible de la BCE se dessinerait en 2027, avec une inflation estimée à 1.9%. La prochaine tranche indiciaire est prévue pour le 3e trimestre 2026, suivie d’une nouvelle tranche au 3e trimestre 2027.
Taux d’inflation annuel et contributions
Source : STATEC (prévisions du 05/11/2025)
Sur les derniers mois, l'inflation a été largement alimentée par des effets de base positifs jouant sur les prix de l'énergie, ces derniers ayant été en baisse un an plus tôt. Elle atteint 2.7% en octobre en glissement annuel, avec une hausse des prix de l’énergie de 11.7% sur un an (contre -10.8% il y a un an). Ces derniers contribuent ainsi à plus d’un quart de l’inflation totale en octobre (0.8 point de %, dont la moitié est attribuable à l'électricité, qui avait augmenté substantiellement en janvier).
Affichant une moyenne d'environ 65 USD/baril en octobre, le prix du Brent s'est redressé ces derniers mois après avoir atteint un pic de 80 USD/baril en juin sous l’influence des tensions géopolitiques au Proche et Moyen Orient. Malgré une baisse du prix du Brent en euros en octobre d'environ 18% sur un an, l'inflation annuelle des produits pétroliers reste élevée au Luxembourg (à +7.0% sur un an). En effet, les marges de raffinage étant nettement plus élevées par rapport à l'année dernière[1], cette baisse ne s’est pas directement traduite par une diminution équivalente des prix des carburants.
L’inflation annuelle des services au Luxembourg s’est également renforcée en octobre (+2.6% sur un an), tandis que les pressions sur les prix de l’alimentation se sont atténuées (+2.0% sur un an en octobre contre +2.5% encore en août 2025). L’inflation annuelle sous-jacente[2] reste ainsi relativement stable à +2.5% en octobre (après +2.4% en septembre).
Dans la zone euro, l’inflation recule légèrement, de 2.2% en septembre à 2.1% en octobre (selon une première estimation), indiquant une convergence progressive vers la cible de 2% de la BCE. Comme au Luxembourg, l’inflation des services y demeure dynamique (+3.4% en octobre, contre +3.2% en septembre) tandis que celle des produits alimentaires ralentit (de 3.0% en septembre à 2.5% en octobre). En revanche, les prix de l'énergie y ont poursuivi leur baisse (-1.0% sur un an en octobre), prolongeant ainsi le recul persistant observé depuis mars.
[1] Dans son dernier rapport sur le marché pétrolier, l'Agence internationale de l'énergie (IEA) confirme une augmentation générale des marges de raffinage. En effet, les indicateurs de marge de raffinage tels que le Brent Crack Spread et l'indicateur européen de marge de raffinage (ERM) ont considérablement augmenté au cours du troisième trimestre 2025. Cela témoigne d'une rentabilité accrue stimulant les résultats en aval des sociétés de raffinage.
[2] Au Luxembourg, l’indice sous-jacent est un sous-agrégat de l'indice général des prix excluant les produits pétroliers ainsi que d'autres produits dont les prix sont directement liés aux marchés internationaux. L’électricité en revanche fait partie de l’indice
L’inflation devrait tomber sous les 2% en zone euro en 2026...
Les principales institutions internationales consolident leurs anticipations d’inflation en zone euro autour de 2.1% en 2025. Pour 2026, l’inflation prévue s’inscrit dans une fourchette allant de 1.5% (Oxford Economics) à 2% (OCDE), les prévisions intégrant ainsi la dissipation attendue des chocs énergétiques. Pour 2027, les prévisions convergent vers 2%.
Les projections d’Oxford Economics d’octobre 2025, alimentant la prévision actuelle du STATEC, maintiennent l’hypothèse sur le prix du Brent inchangée, à 70 USD/baril en 2025 et à 64 USD/baril en 2026. Toutefois, le prix de l’or noir pourrait baisser plus rapidement qu’anticipé, puisque le contexte actuel indique un excès de l’offre mondiale[1]. Par ailleurs, reflétant la politique économique de l’administration Trump, Oxford Economics prévoit une appréciation continue de l’EUR par rapport à l’USD qui passerait de 1.13 USD/EUR en 2025 à 1.17 USD/EUR en 2026 (contre 1.16 USD/EUR précédemment). Cette appréciation favoriserait le repli des prix pétroliers en Europe en 2026. Ils demeureraient modérés tout au long de l'année 2027, avec le baril du Brent à 67 USD (soit 57 EUR).
[1] L'Agence américaine d'information sur l'énergie (U.S. Energy Information Administration, EIA) prévoit même que le prix du Brent chutera à 52 USD/baril en moyenne en 2026.
…ainsi qu’au Luxembourg
L'inflation au Luxembourg devrait progresser au cours des deux derniers mois de l’année, reflétant le renforcement des effets de base positifs sur l’énergie. La baisse moins soutenue qu’anticipé des prix des carburants au troisième trimestre 2025 mène le STATEC à réviser sa prévision d’inflation pour cette année à 2.2% et à 1.5% en 2026[1] (contre respectivement 2.1% et 1.4% précédemment).
Le prix de l’électricité en 2026 reculerait de 15% (contre -9% précédemment), reflétant la contribution étatique[2] aux tarifs d’utilisation des réseaux d’électricité. Par ailleurs, les baisses anticipées des prix du gaz et du Brent (de respectivement -7% et -8% en 2026) devraient faire reculer l'inflation énergétique à -6.3% en 2026. L’inflation des services serait de 2.3% en 2025 et de 2.5% en 2026, celle de l’alimentation de 2.0% en 2025 avant d’augmenter à 2.4% en 2026. Dans l'hypothèse où les mesures gouvernementales seraient prolongées[3] jusqu'en 2027 et où la conjoncture générale s'améliorerait progressivement au Luxembourg et en zone euro, l’inflation se dessinerait proche de l’objectif de 2% en 2027, avec une inflation annuelle estimée à 1.9%.
Selon ces prévisions (qui constituent le scénario central du STATEC), la prochaine indexation des salaires s’appliquerait au 3e trimestre 2026, avec une tranche suivante au 3e trimestre 2027.
[1] Sans mesures sur les prix de l'électricité, l'inflation pour 2026 serait supérieure de +0.3 point de %, soit à 1.9% – niveau prévu par le STATEC dans la Note de conjoncture 1-2025 de juin dernier.
[2] Les mesures incluent une contribution étatique de 150 millions d’euros aux coûts d’utilisation des réseaux ainsi qu’une contribution de 120 millions d’euros au système du mécanisme de compensation pour l’année 2026.
[3] La contribution du gouvernement de 150 millions d'euros figure également dans le budget pluriannuel officiel pour 2027, cependant les effets exacts sur la tarification de 2027 concernant l’utilisation des réseaux de l’électricité ne pourront être évalués que l’année prochaine, une fois la procédure réglementaire de détermination des tarifs achevée pour 2027.
Prévisions selon des hypothèses alternatives sur les prix de l’énergie
Source : STATEC (prévisions du 05/11/2025)
* Au Luxembourg, l’inflation sous-jacente inclut le prix de l’électricité.
** Ces prévisions intègrent une majoration de la taxe CO2 de 5 EUR / tCO2 en 2026 et 2027, comme proposé dans le plan national intégré en matière d'énergie et de climat (PNEC).
*** Prix moyens TTC pour un client résidentiel au Luxembourg avec une consommation annuelle de 2 426 m3 de gaz et 3 901 kWh d’électricité. Ces prix sont calculés en supposant i) pour le gaz : des tarifs d’utilisation du réseau augmentant en 2026 et 2027 au même rythme qu’en 2025, ii) à partir des hypothèses du ministère de l'Économie, pour l’électricité : à partir de 2026 et pour 2027 inclus, un retour de la contribution au mécanisme de compensation à 0 EUR / kWh ainsi qu’une baisse des tarifs d’utilisation du réseau de 35% en 2026 par rapport à 2025.
Deux scénarios alternatifs de prix énergétiques
Deux scénarios alternatifs sont établis à partir des déviations historiques sur les marchés de l’énergie de l’électricité, du gaz et du prix du pétrole Brent (ce dernier se répercutant sur les prix des carburants et du mazout de chauffage). Tenant compte des mesures en place (et notamment d’un prix identique dans les différents scénarios pour l’électricité en 2025), les scénarios haut et bas pour l’électricité ne divergent que pour les années 2026 et 2027.
Le scénario haut suppose que le prix du gaz augmenterait en 2026 (+5%) et diminuerait en 2027 (-2%), celui du Brent connaîtrait une hausse en 2026 et 2027 (+19% et +9% respectivement) et celui de l’électricité une baisse en 2026 (-12%) et une hausse en 2027 (+5%). Le scénario bas anticipe une baisse comparable au scénario central du prix de l’électricité (-15% en 2026 et -4% en 2027) et une baisse plus prononcée du gaz (-12% en 2026 et -0.2% en 2027) ainsi que du Brent (-26% en 2026 et -16% en 2027).
Dans le scénario haut, la prochaine tranche indiciaire serait payée déjà au 2e trimestre 2026, avec une nouvelle tranche au 3e trimestre 2027. Le scénario bas anticipe seulement une indexation, au 3e trimestre 2026.
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Cette publication a été réalisée par Jill Schaul et Gabriel Gomes.
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